VIOLENCES CONGALES - Femmes battues : +87,8%
La responsable de l'observatoire départemental des violences envers les femmes, Ernestine RONAI, analyse l'explosion du nombre de plaintes.
source : SIPA
Constat accablant en Seine Saint-Denis: selon un rapport, le nombre de violences faîtes aux femmes a explosé depuis 2004. La hausse de + 87,8 % est l'augmentation la plus importante en France. Paradoxalement, ce chiffre est une "très bonne nouvelle" pour la responsable de l'observatoire départemental des violences envers les femmes, Ernestine RONAI. Il montre que les femmes osent parler.
Que pensez-vous de l'explosion du nombre de plaintes pour violences conjugales dans votre département, selon le dernier rapport de l'observatoire national de la délinquance (OND) ?
- C'est une très bonne nouvelle! Ce chiffre montre que les femmes dénoncent plus et plus souvent. Il y a un vrai changement des mentalités. C'est le résultat d'une politique pénale qui a su évoluer et d'une volonté réelle de la part des institutions du département. La création de notre observatoire, unique en France, conjuguée à de nombreuses actions de sensibilisation, comme des campagnes d'affichage, a vraiment fait bouger les choses.
Il n'y a donc pas d'augmentation des violences faîtes aux femmes en Seine Saint-Denis ?
- Pas du tout. La preuve: en 2000, une enquête nationale soulignait que 13% des femmes allaient à la gendarmerie ou dans un poste de police pour dénoncer des violences conjugales. Mais, au final, seulement 50 % d'entre elles obtenaient des suites pénales. Il y avait donc un vrai décalage. Aujourd'hui, notre observatoire montre qu'en Seine Saint-Denis, le taux de réponse après un dépôt de plainte est de près de 80%. C'est énorme. Et par conséquent, cela encourage les femmes à porter plainte. C'est un cercle vertueux.
En quoi votre observatoire a-t-il contribué à ce changement de mentalité ?
- Notre centre permet d'avoir une réelle visibilité sur le problème de la violence conjugale. Grâce à nos statistiques, on cerne mieux les besoins des victimes. Nous servons aussi de centre de coordination de tous les acteurs sociaux et institutionnels qui agissent dans ce domaine. Depuis 2005, des marches silencieuses ont ainsi été automatiquement organisées à chaque fois qu'une femme était tuée par son mari, soient 15 manifestations pour le moment. Ceci a permis de sensibiliser les habitants et la justice. Cette formule est efficace, et d'autres départements se renseignent pour créer le même type de structure. Même la Nouvelle-Calédonie est venue nous voir!
SITE : www.seine-saint-denis.fr/-Observatoire-dpartemental-des.html