BONDY A COEUR

LES BANLIEUES ONT-ELLES BESOIN D'UN ENIEME PLAN ?

Une nouvelle politique pour les banlieues ?

 

Fadela Amara a présenté, le 5 mars, la nouvelle politique pour les banlieues. Elle s'appuiera sur cinq piliers : l'emploi, l'éducation, les transports, la sécurité et le financement des initiatives locales.

D'ici au 30 juin prochain, chaque ministre présentera un programme de travail sur trois ans visant à réduire les écarts structurels entre les quartiers et le reste du pays..

L'emploi. Un partenariat avec 38 chefs d'entreprises est noué pour recruter 22 000 employés stagiaires ou jeunes en formation, issus des quartiers prioritaires. Cet accord entre l'Etat et ces entrepreneurs sera consolidé par la mise en œuvre du nouveau contrat d'autonomie à destination de 45 000 jeunes des quartiers âgés de moins de 26 ans. Ces jeunes bénéficieront pendant 6 mois d'un accompagnement, pris en charge par l'Etat, pour assurer leur accès à l'emploi. Par ailleurs, un dispositif d'accompagnement des créateurs d'entreprises permettra de créer, dans les années à venir, 20 000 entreprises en zones sensibles.

Pourquoi l'Etat se croit-il toujours obligé de créer des contrats spécifiques pour les jeunes ? Ne sont-ils pas des citoyens comme les autres en ce pays ? Il faut croire qu'ils sont plus bêtes… alors on les paye moins…. Sarko avait promis 25.000 jeunes vers l'emploi ou en qualification, Fadela voulait diviser par 2 le nombre de jeunes chômeurs dans les quartiers. Les objectifs semblent revus à la baisse. Rien n'est prévu pour la simplification des démarches administratives lors de la création d'entreprises. D'autre part, ce contrat d'autonomie rend les syndicats plus qu'inquiets… quand on sait qu'après les municipales, le Président s'attaquera de plein fouet à la casse du Code du travail !

L'éducation. Dès la rentrée prochaine, un accompagnement éducatif sera opérationnel dans 5 311 écoles primaires, classées en éducation prioritaire. A titre expérimental, une cinquantaine d'élèves de classes de CM1 et CM2, appartenant à des établissements à fort taux d'échec scolaire, pourront accéder à d'autres écoles de la ville afin de d'améliorer le brassage et la mixité sociale. Trente lycées d'excellence offriront à leurs élèves de nouvelles filières comme des sections internationales, artistiques ou dédiées aux nouvelles technologies. Les 5 % des meilleurs élèves de chaque établissement auront accès à une classe préparatoire aux grandes écoles. Enfin une banque de stages, mise en place par les chambres consulaires et les organisations représentatives des entreprises, aidera les jeunes à trouver un stage en entreprise et luttera contre toutes les formes de discriminations.

Des sites et des filières d'élite… s'il y a élite, il y aura forcément son opposé… Dommage ! Rien sur la suppression des 11.000 postes d'enseignants d'ores et déjà prévus. Comment peut-on mieux enseigner en baissant le nombre de professeurs et d'instituteurs, alors qu'on sait qu'il en manque déjà tant ?

Les transports. Un appel à projet identifiera les dessertes prioritaires qui doivent bénéficier d'une aide particulière de l'Etat, comme par exemple le projet de tramway entre les communes de Clichy-sous-bois et Montfermeil en Seine-Saint-Denis.

Il était temps qu'on se rende compte qu'il y a un grave problème de transports en commun à Clichy… Dommage que les crédits prévus ne puissent pas couvrir tous les projets que les élus du 93 ont dans leurs cartons et qui y restent faute de financements. Alors on fait quoi avec nos cartons, on les remet dans les archives de nos mairies ? Oui, oui, pour l'heure, on va dépenser l'argent de l'Etat pour identifier les dessertes prioritaires...

La sécurité. Des unités territoriales de quartier seront déployées dès le printemps dans le département de la Seine-Saint-Denis et une compagnie de sécurisation sera mise en place cet été. L'objectif est d'atteindre à terme, sur l'ensemble des départements concernés, le déploiement de 4 000 policiers en trois ans.

La réalité, c'est qu'il n'y aura pas de nouveaux recrutement, mais seulement un redéploiement territorial. Je reste très sceptique au vu de l'absence de poltique de prévention, d'absence de la notion de proximité, on reste là dans la politique sécuritaire. Quelles mesures sont envisagées pour regagner la confiance des habitants ? Je doute que l'appel –fort contestable à mon goût- à des « réservistes expérimentés parmi les habitants qui auront à charge de s'impliquer dans la sécurité de leur quartier », soit une solution sereine et constructive ! 

Le financement des initiatives locales. Un projet de réforme des dotations de solidarités de l'Etat aux collectivités territoriales sera présenté avant l'été. Le Premier ministre présidera un comité interministériel des villes et du développement social urbain dans les prochaines semaines.

Il serait temps que la fiscalité soit revue et corrigée pour une meilleure redistribution des richesse, une meilleure justice sociale. C'est légitime ! Et quid des associations qui devaient recevoir des subventions de façon pérenne puisque pluriannuelles, j'en ai pas trouvé dans les quartiers de Bondy…

Enfin, l'éternel oublié dans l'histoire ; le logement social. C'est le grand absent du nouveau plan. Chacun sait pourtant qu'avec le pouvoir d'achat, c'est la question primordiale. D'autant plus chez les jeunes ! Rien non plus sur la rénovation des cités, pas même sur leur maintien en état, leur mise au norme en terme de sécurité (ascenseurs…)., rien pour le logement étudiant...

Loin de répondre à l'ambition que requiert l'avenir de la jeunesse, loin de mettre en avant les potentialités des enfants des quartiers, loin de satisfaire leurs préoccupations premières et leurs désirs légitimes d'autonomie, encore une fois, on méprise les banlieues et leurs habitants.

Certes, le plan prévoit un montant d'un milliard d'euros. Mais les cadeaux fiscaux concédés par Sarko aux ménages les plus riches se montent à 15 milliards d'euros, ce qui résume bien les priorités de ce gouvernement.

Faut-il en conclure que toutes ces politiques ne servent à rien ? Certes non. Le gouvernement Raffarin avait fortement réduit les budgets sociaux, coupé les crédits aux associations, et supprimé la police de proximité. Cette politique a directement contribué aux émeutes de novembre 2005. Or rien n'a changé depuis.

Dans nos quartiers, plus personne ne se fait d'illusions sur les effets d'un énième plan. Entre la communication et les actes, la crédibilité de l'Etat et de ses représentants s'est évaporée. Pour les habitants des cités, l'élection du président de la République a été acquise «grâce» à leur stigmatisation publique et «grâce» à ses échecs comme ministre de l'Intérieur. Ce plan  ne suffira pas à redonner un semblant de légitimité à des politiques qui l'ont perdue et à une République qui a trahi ses promesses.

NOS QUARTIERS ONT JUSTE BESOIN D'ETRE RESPECTES, ET QU'ENFIN TOUS LES TERRITOIRES RESPECTENT LA LOI (SRU notamment) ET QUE LES RICHESSES SOIENT EQUITABLEMENT DISTRIBUEES !



07/03/2008

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