BONDY A COEUR

"JEUNE MAJEUR ISOLE...SANS PAPIERS"

Animatrice du "Collectif des Parrains et Marraines de l'ASE 93", j'avais envie de vous parler de mon filleul... à un moment de la bataille où plus que jamais, la colère me gagne !

Je vais l'appeler Dimitri. Bien sûr ce n'est pas son vrai prénom…

Dimitri est aujourd'hui orphelin. Il a subi des maltraitances dans son pays et pour le sauver, quelqu'un l'a envoyé en Europe alors qu'il était mineur. Ne contrôlant pas son destin, il a été abandonné par les passeurs en Seine-Saint-Denis. Ensuite, ce fut le juge pour enfants, le foyer, l'ASE…

Il est ce qu'on appelle une « jeune majeur isolé », mais il est surtout « sans papier ».

En mai prochain, il aura 21 ans. Ce qui signifie pour lui sa sortie de dispositif d'aide sociale à l'enfance qui depuis son arrivée en France le protégeait. L'absence totale de preuve de filiation ou d'acte de naissance n'a pas permis aux éducateurs qui l'accompagnent de faire aboutir son dossier. L'OFPRAH lui refuse l'apatridie de fait et administrativement, il n'est pas possible de déposer un dossier de demande de régularisation. Par la force des choses, il est contraint de vivre dans la clandestinité alors même que nous avons passé des années à lui montrer la voir de la légalité !

J'ai rencontré Dimitri à l'occasion des parrainages citoyens au Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Il cherchait une aide… morale je pense. C'est un jeune homme intelligent, raffiné, honnête, respectueux et agréable. Il est devenu mon ami.

Je suis révoltée par cette France de la Révolution et des Droits de l'Homme qui oublie ses valeurs fondatrices, par ce gouvernement qui chasse les étrangers à coups de quotas, de fichiers et d'ADN. Je suis d'autant plus scandalisée lorsque je sais l'investissement des professionnels pour assurer la mission que la loi de protection de l'enfance leur a confiée au regard des mineurs et majeurs isolés de l'ASE alors qu'au jour de leurs 21 ans, la même loi leur retire ce droit de protection pour avoir celui de les renvoyer dans un pays qui n'est plus le leur après les avoir enfermés quelques temps dans un centre de rétention crasseux.

Je suis née le 14 juillet, mon second prénom est Marianne comme la République. Mais là, j'avoue que j'ai honte de mon pays et des paradoxes de ses lois et des choix de ce gouvernement (d'extrême) droite. J'espère que mes compatriotes vont bientôt se réveiller !

Sylvie BADOUX – 10 avril 2008

 



10/04/2008

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