DECLARATION CONCERNANT L'EXPULSION DES RROMS DU PONT DE BONDY
Les forces de police sont intervenues hier matin à l’aube, pour déloger les camps Rroms installés aux abords du canal, de l’autoroute A3 et de la RN3.
Bien que les emplacements comportaient des risques élevés pour les 350 Rroms qui y vivaient, l’expulsion manu militari de ces familles a quelque chose de profondément choquant.
Tout d’abord, le fait que le Maire ait accepté de signer un arrêté d’expulsion sur demande du Préfet, sans même soumettre cette décision aux élus de la majorité.
Certains élus tentaient pourtant, depuis plusieurs jours, de trouver avec les représentants des Rroms, une avancée honorable et respectueuse de cette situation.
Ils ont été pris de cours et leur demande expresse au Maire de ne pasfournir au Préfet cet arrêté, sans tenir compte de l’évolution possible de la situation et sans en avoir débattu avec sa majorité, n’a pas été prise en considération. C’est donc bien d’un acte volontaire dont il s’agit.
Ensuite, parce que cette politique de délogement systématique et musclée des camps Rroms, voulue par Nicolas Sarkozy et appliquée avec zèle par le ministre de l’intérieur Claude Guéant, ne sert à rien sinon à accroître la misère et espérer récupérer des voix du Front National.
Ces populations viennent pour la plupart de Roumanie et de Bulgarie. Leur situation sociale dans leurs pays d’origine n’est pas enviable. Depuis toujours, les Rroms sont victimes defortes discriminations en matière de logement, d'emploi, de scolarisation et vivent très en dessous du seuil de pauvreté.
Contrairement aux populations tziganes, ce sont des sédentaires dans leur pays qui migrent par nécessité. Leur mode d’habitat n’est pas la caravane.
Depuis que la Roumanie et la Bulgarie sont entrées dans l’Union Européenne, les Rroms sont soumis à la circulaire du 1er Janvier 2007 qui restreint leurs droits de circulation et de travail jusque fin 2013.
Pour rester plusde 3mois sur le territoire français, il leur faut justifier d'une couverture sociale et faire preuve de ressources égales ou supérieures au RSA. S’ils souhaitent obtenir le droit à un séjour plus long et obtenir une carte de séjour, ils doivent travailler, et seule une liste de 150 métiers leur est ouverte à titre dérogatoire.
Bien que membres de l’Union Européenne, contrairement à tous les ressortissants des autres pays membres, les Rroms peuvent donc facilement être expulsés de France, mais ils peuvent tout aussi bien y revenir aussitôt.
Le démantèlement des campements ne règle donc rien sur lefond, puisque ceux-ci pourrons revenir et s’installer ailleurs ou dans la même ville. Ce n’est pas non plus au niveau de chaque commune et de chaque camp que les solutions seront trouvées. C’est pourquoi il est urgent de mettre autour d’une table l’ensemble des élus et des représentants de l’Etat au plan régional pour dégager des solutions humaines et durables.