BONDY A COEUR

ALERTE AU ZELE !

Cet écrit n'est pas de moi. Mais c'est un édito tellement bon, tellement vrai malheureusement et que je partage tellement, que je veux vous en faire profiter.... Bonne lecture !

ALERTE AU ZELE

 

Début août, un homme se présente au guichet de sa banque à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ce simple renouvellement de carte Bleue va faire basculer sa vie. Un guichetier zélé lui demande ses papiers. Cet employé de banque a sans doute en tête que depuis des mois la chasse aux sans-papiers est ouverte. Peu lui importe alors que l’homme soit un bon client depuis huit ans*. Il a des doutes, et trouve naturel de prévenir la police. L’homme est arrêté en sortant de la banque, c’est simple comme un coup de fil. Ses papiers sont effectivement faux. Il est placé en centre de rétention.

Des exemples similaires, la Cimade (association de protection des sans-papiers) les collectionne : il y a peu, un homme a été arrêté en sortant d’un magasin de bricolage de Bondy (Seine-Saint-Denis), un autre après avoir demandé une carte de fidélité dans un supermarché tout proche, un troisième au sortir d’un magasin de disques parisien. Tous sans-papiers, se tenant à carreau, clients sans histoires pour surtout ne rien risquer. Tous dénoncés par des Français anonymes. Pourtant, on ne peut pas dire que la police, au sein de laquelle certains syndicats se plaignent des cadences imposées par des objectifs d’expulsion toujours plus élevés, ne fasse pas son boulot. Des citoyens zélés jugent bon de donner un coup de main à cette chasse à l’homme. Pendant la guerre, on appelait ceux qui dénonçaient les juifs des collabos. Le mot est miné. Alors comment qualifier ces bons Français ?

Peut-être, dans le climat actuel, pensent-ils mériter une médaille. Mais dans quelles circonstances est-il légitime d’interférer dans la vie d’autrui ? Lorsqu’une personne se met en danger, qu’elle menace les autres, ou bien qu’elle trouble l’ordre public, voilà ce que l’on apprend aux petits enfants, voilà ce que dit la loi. En gros, quand une personne menace d’en frapper une autre, de se jeter dans la Seine, ou qu’elle sème la zizanie. Et sinon ? Le juge a condamné l’homme du début à quitter notre pays, mais il l’a remis en liberté, estimant précisément que les conditions de son arrestation étaient « déloyales ». La justice fait de son mieux et c’est réconfortant. Mais le guichetier mouchard ou la caissière délatrice ne seront pas punis. Pourtant, leur acte anonyme cisaille le lien de fraternité minimal censé cimenter la République. Il piétine même le socle de ce qui fait notre humanité.

 

* Cf. www.rue89.com

Par Dorothée Werner

 



05/09/2009

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 399 autres membres

Design by Kulko et krek : kits graphiques