Dernier frisson, Mortal Kombat, ça frappe, braque, cogne, sème la terreur. La horde sauvage descendue des banlieues pour mettre nos villes à feu et à sang. C'est arrivé près de chez vous ? Yes. Pas de projection futuriste ici, ni de Délivrance, bien loin d'une Orange mécanique qui, presque trente ans après sa sortie, frappe encore les esprits par ses visions prémonitoires. Sam Peckinpah, John Boorman, Stanley Kubrick n'ont, eux, pas joué avec le feu mais pris de réels risques en mettant toute leur créativité à fleur de pellicule, en décodant les êtres et les époques, en devançant les unes de tabloïds et non en s'y vautrant. Car là est bien le problème avec ces justiciers-là : quelle prise de risque inhérente aux vraies provocations ? Celles qui, des Sex Pistols arborant une croix gammée au Fight the Power d'un Public Enemy armé, secouent une société en lui renvoyant comme un boomerang sa face cachée. Les quartiers ont assez donné, ils n'ont pas besoin de ça. Si Justice avait le moindre propos, tout simplement quelque chose à exprimer, ils pourraient filmer des bandes de Noirs et d'Arabes qui terrorisent une société. Mais faute d'avoir à dire, ils n'ont qu'à montrer, dans ce degré zéro de la culture pub, vide, creuse, pathétique. Du coup, à défaut d'apporter de la subversion, on attend de leur part un minimum de respect des autres… Qu'ils fassent du rap ou de l'électro, qu'ils soient blancs ou noirs, issus des banlieues ou pas, peu importe : rien ne légitime l'absence de propos, en colorant de quelques effets esthétisants les dramatiques clichés qui hantent encore nos J.T., gagnent les esprits, squattent les imaginaires. Du business de bas étage en quelque sorte.