LES JEUNES SONT-ILS CONDAMNES AU TRAVAIL PRECAIRE ?
LES JEUNES CONDAMNES AU TRAVAIL PRECAIRE ?
Dès que l’on parle de travail, on parle avant tout d’une compétence d’Etat inscrite dans la constitution, et d’une responsabilité pleine et entière de celui-ci. C’est le premier engagement du gouvernement actuel comme celui des précédents et un problème irrésolu malgré la succession de dispositifs mis en place pour l’endiguer.
UN CONTEXTE ALARMANT QUI S’EXPLIQUE PAR L’APPLICATION DE MAUVAISES DECISIONS ENVERS LE MONDE DU TRAVAIL :
La part des jeunes18/24 ans vivant sous le seuil de pauvreté (960 €/mois) dépassent les 23% contre 14% de l’ensemble de la population. La hausse du chômage des jeunes et la précarisation des conditions d’emploi en sont les principales raisons. Le chômage des jeunes est particulièrement important dans les ZUS et peut atteindre 40%. En 2008_2009, un peu plus de 40% des jeunes de moins de 24 ans résidant dans les quartiers vivaient au-dessous du seuil de pauvreté.
Fin septembre 2012, la Seine-Saint-Denis comptait 14200 demandeurs d’emploi de moins de 25 ans (alors qu’en 2011, 40.247 jeunes sont inscrits dans les missions locales !), soit 10,8% des demandeurs d’emploi (131.190 DEFM). 72% de ces jeunes ont un niveau 5 ou infra5. A Bondy, il y a environ 13% de jeunes de moins de 25 ans DE.
Le taux de chômage des 25/29 ans sans diplôme atteint les 22% en France en 2010. Mais lefossé se creuse entre les jeunes diplômés et ceux sans qualification. Les non-diplômés sont fragilisés et leur mise à l’écart du monde du travail les expose au risque d’exclusion sociale durable. Tandis que les jeunes diplômés connaissent une dégradation de leurs conditions d’emploi et des difficultés d’accès à l’autonomie. Notre système promet désormais à sa jeunesse diplômée un avenir incertain et de la précarité à long terme pour sa jeunesse sans qualification.
La jeunesse est depuis 30 ans le laboratoire des politiques de précarisation et de casse des droits sociaux. Les jeunes sont devenus des variables d’ajustement, de la main d’œuvre flexible, de la « chair à travail ». Quand j’étais jeune, dans les années 1980, on nous a vendu les TUC (Travaux d’Utilité Collective) sous-payés et réservés aux jeunes. La génération suivante a eu droit aux emplois jeunes (sansformation et en CDD). Il y a eu ensuite les contrats d’autonomie et leur fracassant échec. Aujourd’hui, nous avons les Emplois d’Avenir. Ces dispositifs suivent tous le même principe de base : les recruteurs sont exonérés d’un certain nombre de charges, ces contrats sont tous précaires et n’ont, contrairement à ce que préconise le code du travail, jamais été des CDI.
Il n’est pas non plus étonnant que le chômage des jeunes augmente quand on reporte l’âge de la retraite de 60 à 67 ans, quand on dépasse allègrement la durée légale de 35h/semaine, alors qu’on a 5 millions de chômeurs réels. Le milliard d’heures supplémentaires ainsi réalisées représentent 600.000 emplois
C’est donc l’amoindrissement du code du travail et des droits sociaux qui est responsable de la montée incessante des demandeurs d’emploi et des travailleurs pauvres.
LES EMPLOIS D’AVENIR NE SONT QU’UNE NOUVELLE FORME DE L’ETERNELLE REPONSE DES POLITIQUES :
Si les emplois d’avenir représentent un espoir pour de nombreux jeunes, il reste qu’ils sont encore unefois, une mesure bien en deça du nécessaire. 2736 contrats seront ainsi signés en 2013 pour des jeunes de Seine-Saint-Denis alors que 40.000 jeunes sont inscrits en mission locale ; on est bien loin du compte !
Si on considérait les jeunes comme n’importe quel autre travailleur ou futur travailleur, on devrait :
- Refonder l’éducation nationale et cesser la privatisation rampante des universités,
- Mettre en place une réelle allocation d’étude (déjà promis par Lionel Jospin en 97 et que Terra Nova propose à 460 euros, soit l’équivalent du RSA)
- Encadrer les stages et le travail intérimaire,
- Encadrer la reconnaissance des diplômes dans les conventions collectives
- Remettre à plat tous les statuts d’exception financés à coup d’exonérations de cotisations sociales.
Les vraie solutions au chômage, c’est de :
- réduire la durée du travail et de revenir aux 60 ans à la retraire,
- faire respecter les 35 heures et limiter les heures supplémentaires, de les rendre plus coûteuses qu’une embauche,
- réintroduire 2 jours de repos consécutifs,
- limiter le nombre de précaire dans les entreprises de plus de 20 salariés,
- contrôler et sanctionner les patrons délinquants
- Etablir des vraies règles de responsabilité sociale des entreprises.
C’est aussi instaurer l’autonomie financière des jeunes pour permettre à tous de sécuriser et de choisir son parcours. Loin d’être une logique d’assistance, ce serait placer les jeunes au cœur des dispositifs, au lieu des entreprises.
DANS CE CONTEXTE, JE NE PEUX BOUDER LES DISPOSITIFS D’ETAT, MEME S’ILS RESTENT INSUFFISANTS ET INADAPTES :
A Bondy comme ailleurs, de plus en plus de jeunes perdent espoir et s’enfoncent dans des situations de rupture. La Villede Bondy vas’engager dans les emplois d’avenir, à hauteur de 50 embauches sur deux ans, avec 20 contrats pour l’année 2013 pour des jeunes inscrits au service public de l’emploi (Pôle Emploi, Mission Locale ou Cap Emploi) comme l’exige la loi. Cela ne suffira pas, mais nous n’avons pas le choix. Il nous faut s’inscrire dans ce nouveau dispositif, comme nous l’avons toujours fait… pour qu’au moins ces 50 jeunes là puissent accéder à uneformation et à un emploi.
Les postes ont été identifiés par les services, ainsi que les tuteurs, et validés par un comité de pilotage composé d’élus (emploi, insertion, jeunesse), de la DG, des RH, du SJ,de Bondy Insertionet de la Mission Locale. Les profils de postes sont en cours de rédaction.
Il nous faudra être attentifs au parcours des jeunes, à leurformation, clef de la réussite. Certains seront intégrés à l’effectif de la ville après leurs 3 années, d’autres devront être embauchés ailleurs. Le Chargé de Relation Entreprises de la mission locale devra particulièrement veiller à la sortie positive du dispositif pour ces jeunes qui quitteront les services municipaux.
S’ATTAQUER AU CHOMAGE, C’EST S’ATTAQUER AU CAPITALISME :
L’incapacité politique à remettre en cause les logiques capitalistes et à tirer les leçons de la crise renforce toujours plus la nécessité de donner de laforce à ceux qui ne renoncent pas à transformer la société. Aucune sortie de crise ne sera possible sans sortir du capitalisme. Affirmer l’inverse, c’est à nouveau aller vers de lourdes déconvenues. Et pour le moment, c’est là où nous allons encore …